Le 22 juin dernier, la Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène SCHIAPPA, twittait « Il y a un an, j’ai soulevé le tabou des « violences obstétricales et gynécologiques » de que de nombreuses femmes et expert/es rapportaient de longue date dans être entendu des pouvoirs publics. Pour l’objectiver et y apporter des réponses, j’ai saisi le @HCRfh ».
Et c’est en réponse à cette saisine que Danielle BOUSQUET, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité, a remis le rapport « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical » à Marlène SCHIAPPA ce vendredi 29 juin 2018.
Le document, composé de 26 recommandations pour mettre fin à ces actes, fait notamment suite au mouvement #PayeTonUtérus, très largement suivi dès son lancement en 2014, qui a relevé plus de 7 000 témoignages de femmes victimes de propos déplacés et injurieux ainsi que de comportements violents ou pratiqués sans leur consentement. Dès lors, de nombreuses lanceuses d’alertes ont fait suivre des témoignages en mobilisant le terme « violences gynécologiques et obstétricales ». Alors que ce dernier semble récent en France, c’est un terme déjà présent dans les textes de loi de plusieurs pays d’Amérique latine mais aussi dans le monde anglo-saxon.
Il est également important de préciser que les actes sexistes durant le suivi gynécologique peuvent prendre diverses apparences et ne sont pas nécessairement vu comme maltraitant de la part du personnel de santé concerné. Cela ne concerne évidemment pas une majorité, mais certains chiffres demeurent très parlants quant à l’ampleur de ce phénomène :
- 6% des femmes se déclarent « pas du tout » ou « plutôt mal » satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement, soit environ 50 000 femmes en 2016
- 3,4% des plaintes déposées auprès des instances disciplinaires de l’Ordre des médecins en 2016 concernant des agressions sexuelles et des viols commis par des médecins.
Ce problème concerne également le corps médical lui-même. Le rapport met en avant le sexisme encore très présent dans le secteur médical où 86% des internes en médecine (95% des femmes et 68% des hommes) déclarent avoir été exposés à du sexisme. Et malgré ces chiffres, ce phénomène reste encore largement ignoré dans notre société. Le rapport remis lors de cette cérémonie est ainsi là pour répondre à cet enjeu.
L’évènement du 29 juin a permis de rendre le contenu de ce rapport plus concret grâce notamment à l’intervention de Margaux COLLET et Geneviève COURAUD, respectivement co-rapporteure et Présidente de la Commission « Santé, droits sexuels et reproductifs » du HCE. Il s’article ainsi autour de trois grands axes : reconnaître les faits et l’ampleur qu’ils représentent, prévenir les actes sexistes grâce à des formations et des ajouts dans le code déontologique, et enfin faciliter les procédures de signalement et condamner les pratiques sanctionnées par la loi.
La remise de ce rapport est ainsi l’occasion de sceller une prise de conscience générale mais aussi de réagir face à l’ampleur de ce phénomène. Vous pouvez dès à présent accéder au rapport complet pour obtenir davantage d’informations.
Nous vous invitons également à prendre connaissance du livre « Le livre noir de la gynécologie » de Mélanie DECHALOTTE, journaliste indépendante et documentariste à France Culture. Ce livre illustre de façon poignante le sexisme présent et pourtant tabou dans le milieu médical et hospitalier grâce à une multitude de témoignages de femmes concernées et marquées par ce type d’expériences. De nombreux sujets et contextes sont abordés tels que la contraception, l’IVG, les fausses couches ou encore l’accouchement.
Le 14 juin 2018 à l’espace des Femmes Antoinette FOUQUE a été présenté le rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes sur les Inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture Acte II : après 10 ans de constats, le temps de l’action
L’affaire Weinstein et les dénonciations qui ont suivi ont mis en lumière les difficultés spécifiques que rencontrent les femmes artistes et sur les inégalités systématiques entre les femmes et les hommes dans le domaine de la culture. Les femmes artistes subissent pleinement les effets du sexisme. Les financements publics sont aujourd’hui distribués de façon profondément inégalitaire, alors que le talent ne saurait être inégalement réparti et contribuent parfois à renforcer les stéréotypes et le sexisme.
Le Haut Conseil à l’Egalité formule 20 recommandations étayées sur deux axes :
- 1 – Tendre à une juste allocation des financements publics
- 2 – Transformer le terreau des inégalités
Le 11 juin 2018 au Ministère des solidarités et de la Santé, l’Institut Européen de l’Egalité entre les sexes (EIGE) a présenté ses travaux pour soutenir l’égalité des genres dans l’Union Européenne et ses états membres, notamment de la situation de la France au regard de l’ index 2018 « égalité » et des priorités de l’Europe. Un résumé de cette présentation à laquelle la Présidente Marie-Claude BERTRAND et la Vice Présidente Brigitte POLONOVSKI ont assisté sera en ligne d’ici quelques semaines.