Conférence organisée par la Délégation interministérielle à l’ aide aux victimes 17 octobre 2024 – Assemblée Nationale
Le comportement des journalistes a été mis en cause :
Les victimes et leurs proches demandent que soit respectés leurs souffrances, leur deuil, et qu’ils soient approchés avant la publication d’articles. Il est aussi reproché parfois une manipulation politique des images.
Des règles éthiques existent cependant -notamment le respect de l’anonymat pour les féminicides et les mineurs. Les victimes et leur famille ont la faculté de saisir le conseil de déontologie si elles estiment que ces règles n’ont pas été respectées.
Une charte déontologique pour la presse respectant les victimes, leur deuil, est indispensable.
Un modérateur des réseaux sociaux est aussi unanimement demandé.
Une prise de conscience citoyenne est indispensable si nous voulons réconcilier dignité humaine et liberté d’expression. La loi ne peut pas tout, la réforme doit aussi venir de la société.
- Isabelle MANDRAUD,
journaliste au Monde, a ouvert le colloque en demandant expressément de ne prendre aucune photo des victimes et de leurs proches, qui ont accepté de témoigner.
Toutes les personnes présentes ont fait part de leur souffrance d’avoir appris par les radios, TV, réseaux, appel d’un tiers, qu’un de leurs proches était victime d’un accident/attentat, de découvrir leur photo dans une situation d’otage ; des difficultés qu’elles ont eues pour se réapproprier leur image, celle de leur proche victime (frère, enfant,) souvent utilisée pour illustrer un meurtre (interview devant un corps), un attentat. Tout ceci sans que leur accord ait été sollicité. La plupart n’ont pas été prévenues par la police, le maire ou d’autres autorités, et l’ont appris par la presse.
Elles dénoncent aussi le harcèlement des journalistes pour obtenir d’elles leur témoignage, alors qu’elles sont sous le choc de l’émotion.
Tous rappellent les journalistes à respecter les familles, leur deuil, à les appeler avant de publier les articles. Les journalistes devraient plutôt enquêter sur : « pourquoi un jeune de 20 ans se radicalise-t-il ? » plutôt que de rechercher « l’émotion des familles ». Et puis, « les réseaux sociaux ne sont pas maitrisés. »
- Jérémy Bride,
psychologue, exerçant dans une cellule d’urgence médico-psychologique, explique qu’un centre d’accueil des impliqués accueille les victimes psychiques, avec la création d’un espace « presse » où il convient pour les journalistes de respecter « la temporalité », de flouter les visages, le temps de l’annonce.
- Maryse Le Men Regnier,
Présidente de la Fédération France Victimes, dénonce une instrumentalisation des victimes, la publication d’informations erronées ; elle cite la charte des droits fondamentaux : le droit à la vie privée face aux médias, les droits de l’homme, l’article 9 du Code civil ; elle appelle à établir une charte déontologique pour la presse obligeant au respect des victimes, de leur deuil ;
- Pierre GANZ,
Secrétaire général du Conseil de déontologie journalistique et de médiation, rappelle les règles éthiques existantes -notamment doit être respecté l’anonymat pour les féminicides et les mineurs ; les victimes et leur famille ont la faculté de saisir le Conseil de déontologie si elles estiment que ces règles n’ont pas été respectées.
- Sophie JEHEL,
Professeur en sciences de l’information et de la communication, co-directrice adjointe de l’Ecole doctorale Sciences sociales PARIS VIII, rappelle les sources d’information des Jeunes :
Pour 45% d’entre eux, la TV est leur source d’information
HugoDecripte est le 1er influenceur
60% des filles redoutent le harcèlement sur les réseaux sociaux, les violences
Il ressort des études que les Jeunes sont dans « des chaudrons émotionnels ».
4 catégories de réactions sont observables :
L’adhésion : écho à des souffrances personnelles ; curiosité, sidération, jouissance
L’Evitement
L’indifférence
L’autonomie
- Conclusion d'Alexandra Louis, Déléguée interministérielle à l'aide aux victimes : la réforme doit aussi venir de la société.